Un décès dans la famille : comment parler de la mort à mon enfant ?
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Développement de l'enfant

Un décès dans la famille : comment parler de la mort à mon enfant ?


Ecrit le 31/03/2017 par Capucine Piot, Rédactrice

Parce que nous-même, ne savons pas forcément comment gérer notre peine face à la mort, il nous semble insurmontable de devoir l’annoncer à notre enfant. Bien choisir ses mots et s’exprimer avec sincérité aideront votre enfant à lui aussi, faire son deuil. 

Un enfant comprend t-il le concept de mort ?

Le rapport de l'enfant à la notion de mort varie selon son âge. En effet, plus il est jeune, moins l'enfant aura de rapport au temps en général, au temps qui passe, au passé, au futur, et au fait que la vie peut avoir une fin. En clair, avant 3 ans : il sera très abstrait pour un tout-petit de comprendre le décès d'un proche. Il sera en revanche réceptif aux émotions de son entourage, et pourra comprendre que papa ou maman ressent une douleur inhabituelle. 

Aux alentours de 3 ou 4 ans, la perception de bébé change : il grandit, et observe tout ce qui l'entoure. Il comprend alors la notion d'absence. Il commence aussi à poser des questions : pourquoi le chat ne vient plus dans le jardin ? pourquoi le hérisson du jardin ne bouge plus ? Petit à petit, il comprend alors le côté irrémédiable de la mort. Vers 5 ans, il est à même de comprendre la notion de mort : il sait que tout le monde meurt, et qu'on ne reverra plus la personne décédée. Il comprenda alors ce qu'est le cycle de la vie, et que les décès ne se limitent pas qu'aux personnes âgées.  

Les mots à éviter pour parler de la mort à son enfant

« Papi est monté au ciel, ta grand-mère s’est endormie pour toujours » sont souvent des phrases utilisées pour annoncer un décès aux enfants. Les parents pensent que minimiser la situation en utilisant des métaphores sera moins douloureux. Il faut cependant être très prudent car l’enfant a tendance à prendre l’adulte au pied de la lettre. Si cela n’a généralement pas de conséquences, cela pourra parfois susciter de fortes angoisses. « Son papa endormi pour une sieste sur le canapé est-il mort lui-aussi ? Est-ce que si je prends l’avion, que je monte dans le ciel, moi aussi je vais mourir ? »

Il est important de lui annoncer le décès le plus tôt possible. L’agitation et les pleurs pourraient lui laisser croire qu’il est responsable de votre malheur. Il faudra donc lui annoncer le décès de votre proche. Lui expliquer qu’il ne le verra plus mais qu’il pourra très souvent penser à lui en se souvenant de moments joyeux. Lui expliquer, qu’il a le droit d’avoir de la peine et que le manque sera normal.

Vous ferez au mieux avec votre propre souffrance et le ferez avec sincérité. C’est votre capacité à surmonter l’épreuve et à le rassurer qui pourront l’aider à passer ce cap difficile.

Expliquer la maladie et la mort, pour ne pas générer d'angoisse

Une grand-mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, un frère touché par le cancer… ces situations souvent longues et douloureuses doivent vous permettre de préparer votre enfant. Même si comme pour les adultes, personne n’est jamais vraiment préparé à cette souffrance, il faudra tout au long de la maladie l’informer des réussites et des échecs des traitements. Annoncer la mort du malade deviendra alors, une sorte de conclusion « inévitable » à une situation qui n’aura pas été cachée.

Vous connaissez votre enfant mieux que quiconque : nul doute que vous saurez trouver les mots justes pour lui expliquer la situation. Cependant, gare aux mots trop évasifs. "Mamie était malade, elle est morte" pourra laisser libre court à l'imagination de votre enfant. Il risquera alors d'avoir peur de mourir ou de vous perdre en cas de petit rhume ou de gastro-entérite. Au contraire, rassurez-le le plus possible, lui expliquant que certaines maladies sont très graves et peuvent mener à la mort. 

Accident, crise cardiaque, attentat… quand la mort est brutale

En proie à notre propre souffrance et à la violence du moment s’ajoutent la peine que nous allons infliger à l’enfant qui doit apprendre la triste nouvelle. Comment en serait-il autrement ? Il vous faudra donc trouver les mots les plus adaptés pour que votre enfant comprenne l’irréversibilité de la chose et les circonstances, aussi dramatiques soient-elles.

Cependant, les enfants ne réagissent pas comme de minis-adultes et vous pourrez parfois être surpris par leur réaction. Pour eux, la mort ne représente pas grand-chose. Un enfant à qui l’on annonce une mort brutale, pourra parfaitement repartir jouer sans montrer la moindre réaction. Ce qui ne l’empêchera pas le soir ou quelques jours plus tard d’y repenser et même d’imaginer votre propre disparition, chose qu’il n’avait jusque-là jamais envisagé... 

Les questions de votre enfant sur la mort

Lorsqu'un enfant découvre la notion de mort, il a forcément des questions à poser à ses parents. Voici quelques pistes pour lui répondre le plus simplement possible, sans le brusquer. 

- Pourquoi meurt-on ?
Souvent, on meurt car on est âgé : on a eu une longue vie, le corps commence à se fatiguer et ne fonctionne plus très bien. Parfois, on meurt avant d'avoir eu le temps d'être vieux, à cause d'une maladie grave ou d'un accident vraiment très grave. 

- On est obligé de mourir ? 
Tout le monde finit par mourir un jour, que ce soit parce qu'il est très vieux, ou à cause d'une grave maladie ou d'un grave accident. La mort fait partie de la vie.

- Tu vas aussi mourir, maman ? 
Oui, je vais aussi mourir un jour. Tout le monde meurt un jour. Toi aussi, un jour tu mourras. Mais là on est tous les deux en pleine forme. Et tout va bien, j'ai envie de faire plein de choses avec toi !

- Qu'est-ce qui se passe quand on meurt ? 
Le coeur s'arrête de battre et on ne respire plus. Le corps s'arrête de fonctionner. On ne ressent plus rien du tout. 

- On va où quand on est mort ? 
Tu sais, la mort ne signifie pas la fin de la relation avec la personne décédée. On continue à la faire vivre dans notre coeur, à travers des souvenirs ou des pensées, et à l'aimer très fort. Après la mort, le corps est mis dans un cercueil pour qu'on lui dise au revoir. 
Libre à vous d'expliquer vos croyances religieuses à votre enfant, au sujet de la mort. 

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