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Risques de grossesse

Mamange, une maman en deuil


Ecrit le 22/01/2021 par Chrystelle Lacouara, Rédactrice

Alors que vous deviez connaître une des plus grandes joies au monde, votre vie a basculé dans l’horreur. Perdre un bébé pendant la grossesse ou à la naissance est une épreuve terrible. S’il y a un nom pour nommer les enfants qui ont perdu leur parent, en revanche, il n’y en a pas dans le dictionnaire pour les mamans qui ont perdu un bébé. Mais certaines ont décidé d’en inventer un et de s’appeler « mamange ». 

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C’est quoi une mamange ?

Pour désigner les mamans qui ont perdu un bébé autour de la naissance, pendant la grossesse, lors de l’accouchement ou dans la semaine qui suit la naissance, il y a désormais le mot « mamange », une contraction du mot « maman » et du mot « ange ». Ce mot-valise est un néologisme qui a sûrement vu le jour sur les forums, lieu d’échange des mamans qui ont perdu un bébé autour de la naissance. Un bébé comparé à un ange, pur et parti trop tôt au ciel : des mots qui peuvent paraître « enfantins », ou à connotation religieuse, mais qui aident à nommer ces femmes qui ont porté la vie mais pour qui l’aventure de la grossesse s’est arrêtée soudainement par un drame. Une manière poétique permettant aussi de donner à cet événement traumatisant qui ne devrait normalement pas exister une forme d’apaisement…

 

Mort de bébé : une perte pas toujours reconnue par la loi ou la société

Pour les médecins, la perte d’un enfant n’a pas la même définition que pour les mamans : ils considèrent le fœtus comme un enfant à partir de 22 SA ou d’au moins 500 g. C’est aussi à ce terme de la grossesse qu’ils parlent de « naissance ». Avant 22 SA, il s’agit médicalement parlant d’une fausse couche ou d’avortement spontané.

Aux yeux de la loi, qui est plutôt raccord avec les considérations médicales, l’enfant n’a une existence que s’il est né viable, à au moins 22 SA ou un poids de 500 g : ainsi, à ce terme de grossesse, la législation exige que sa naissance et sa mort soient obligatoirement apposées sur les fichiers d’état civil, mais aussi sur le livret de famille. Des funérailles sont également obligatoires.
Entre 15 et 22 SA, un acte d’enfant sans vie peut être fait par l’officier d’état civil sur demande, à condition d’avoir un certificat médical d’accouchement. Mais en dehors de ces dispositions, point de salut : son nom ne pourra pas apparaître sur les registres, et il figurera, si les parents le demandent uniquement, sur le livret de famille, dans la partie « décès de l’enfant ».
Comment alors donner une existence à cette vie et rendre réel le décès du bébé ? Rentrer chez vous sans votre bébé est déjà dur… Des funérailles sont néanmoins possibles, mais il faut pour cela se rapprocher de votre commune. Côté congé maternité ou paternité, il est inexistant si l’enfant est né avant 22 SA…

 

Etre une mamange, une histoire de cœur plus que de loi

Alors bien sûr, la médecine évoque une fausse couche avancée avant le terme de 22 semaines d’aménorrhées, la loi reconnaît à demi-mot l’existence de cet enfant, mais avant 15 SA, cette vie n’est pas reconnue. Or, beaucoup de mamans vivent la perte de leur bébé même avant 15 SA comme un traumatisme et se considèrent comme une mamange. Quel que soit le terme, il s’agit avant tout d’un ressenti personnel : l’amour que l’on porte à son bébé à naître ne se compte pas en semaines. Et nul ne peut en juger mis à part vous.

 

Mort de bébé : un travail de deuil à faire

Ce bébé n’a peut-être pas été câliné, changé, embrassé, ni nourri, pourtant il a grandi là, au creux de votre ventre et dans votre cœur. Vous vous étiez projetée le tenant dans vos bras, dans une vie heureuse de famille, faite de découvertes, de fatigue sans doute, mais certainement pas de tristesse et de souffrance. Ce petit être a bel et bien existé : il a vécu. Cette perte réelle est cependant parfois difficile à concrétiser par son aspect soudain : il vous faudra du temps pour la réaliser, l’accepter et faire un deuil. Un processus long, nécessaire, pour continuer de vivre et d’avancer malgré une perte terrible. Le problème est que la société ne donne pas légalement l’occasion d’un recueillement après la perte d’un bébé de moins de 22 SA… Comment faire ce deuil ?

 

Garder des souvenirs de bébé pour faire le deuil

Cet enfant trop vite parti, vous allez continuer à y penser. Après le chagrin et les pleurs, une fois que le deuil sera fait, au fil de longs mois, vous serez peut-être heureuse de pouvoir vous recueillir ou retrouver des souvenirs de cette vie fugace que vous avez accueillie en vous. Une photo, des vêtements achetés pour lui, si les premiers temps il est difficile de faire face à ce drame, ce petit bout de vie continuera d’exister à jamais dans votre cœur. Avoir des souvenirs matériels permet aussi de, quelque part, exister en tant que maman de ce bébé et de rendre réelle son existence qui n’est pas forcément reconnue par la société ou la loi, et par la même de continuer le processus de deuil.

 

Le deuil périnatal, encore un tabou aujourd’hui

Perdre un bébé durant la grossesse ou autour de la naissance, même si on en parle de plus en plus, est un sujet qui reste encore très tabou. Un enfant ne devrait normalement pas partir avant ses parents, et encore moins avant d’être né. Cela touche aux peurs les plus profondes de tous les parents et futurs parents. Prenez le contre-pied en parlant librement de votre bébé si vous en éprouvez le besoin. Cela vous aidera à faire le deuil, mais pourra aussi montrer aux autres que ce n’est pas un sujet tabou. Cet enfant a existé, et il a droit de cité.

 

Trouver du soutien pour affronter la douleur de la perte de bébé

Bien sûr, ce deuil doit être fait en trouvant du soutien, que ce soit auprès de votre entourage, qui peut ne pas forcément comprendre ce que vous vivez, notamment en cas de fausse couche précoce, ou encore en faisant appel à un psychologue. Si cet accompagnement est proposé d’office en cas d’IMG, de déclenchement pour accoucher d’un enfant mort in utero, ce n’est pas le cas dans tous les cas de figure comme lors d'une fausse couche tardive. Il existe aussi des groupes d’échange sur les réseaux sociaux comme Facebook où les mamanges se retrouvent pour trouver du soutien, car qui mieux que d’autres mamanges peut comprendre ce genre de drame dans une vie ? Enfin, il y a l’association SPAMA, que La Boîte Rose soutient, et qui propose un forum sur son site, une ligne d’écoute téléphonique, qui pourra vous être d’une grande aide.