Violences éducatives ordinaires : les clefs pour comprendre
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Violences éducatives ordinaires : les clefs pour comprendre


Ecrit le 10/09/2019 par Chrystelle Lacouara, Rédactrice

Alors que le Sénat a enfin adopté la proposition de loi sur l’interdiction des violences éducatives ordinaires le 2 juillet 2019, la question sur la fessée divise toujours. Certains, partisans, avancent l’argument qu’ils en ont reçues enfant et qu’ils n’en sont pas morts. Pourtant, il s’agit d’un acte violent qui fait partie de ce que l’on appelle les violences éducatives ordinaires. On fait le point sur les VEO pour comprendre exactement ce que c’est et comment les éviter. 

Violences éducatives ordinaires : qu'est-ce que c'est ?

Aussi appelées VEO, les violences éducatives ordinaires sont les différents types de violences exercées quotidiennement par les parents sur leur enfant, qui comprennent à la fois des paroles et des actes violents. Utilisées par les parents de façon insidieuse dans le cadre de l’éducation, ces violences sont entrées dans les mœurs, pour ne pas dire banalisées par la société. Elles peuvent être physiques et/ou psychologiques, et sont souvent justifiées par le comportement de l’enfant que l’adulte juge inopportun. Les Violences éducatives ordinaires entraînent souvent une maltraitance, qui peut mener jusqu’à la mort : encore aujourd’hui, un enfant meurt tous les 5 jours sous les coups de ses parents.
 

La violence physique : la liste est longue

Quand on évoque la violence physique, on pense souvent à la gifle ou la fessée. Mais la liste des violences ordinaires physiques est longue : elles peuvent revêtir bien des formes. Petite tape sur la main, oreille ou cheveux tirés, pincement, douche froide pour calmer l’enfant, cigarette écrasée sur le bras, ou encore fouet, le curseur de la gravité de l’acte peut aller très haut. Utilisés à des fins éducatives, ces gestes défoulent tout au plus l’adulte : c’est surtout au parent, incapable de maîtriser ses émotions, que cela semble faire du bien...
 

La violence psychologique, l’oubliée des violences éducatives ordinaires

Cette violence psychologique peut être encore plus vicieuse que la violence physique : elle ne laisse aucune trace visible sur la peau, mais détruit en silence et consciencieusement l’enfant de l’intérieur. Moqueries, insultes, humiliations, culpabilisation, chantage affectif, ce sont les mots qui cette fois font mal et cognent, surtout quand ils sont criés ou hurlés. Ces violences psychologiques peuvent aussi s’exprimer sous la forme de privations, que ce soit de nourriture, de confort, de sommeil, voire d’amour.
 

Les VEO, un rapport de force entre l’enfant et l’adulte

Au-delà de la violence, c’est tout le rapport entre parent et enfant qui est faussé : l’adulte se positionne comme supérieur à l’enfant et justifie ses actes ou ses paroles par le fait que l’enfant n’obéit pas à ses ordres, qu’il sait plus que lui ce qui est bien et ce qui est mal, parce que l’enfant est têtu, insolent, lent ou dans la lune. Bref, tout argument est valable pour expliquer à l’enfant que cette violence, « c’est pour son bien ». Le parent retire toute volonté à son enfant, qui ne peut se contenter que de subir la situation et de continuer à être manipulé. L’adulte est pourtant celui qui devrait protéger son enfant, le préserver, être à son écoute : éduquer son enfant ne doit pas être un combat où la répression et l’interdiction d’exprimer ses propres émotions règnent.
 

Quelles sont les conséquences des violences éducatives ordinaires sur les enfants ?

Ces gestes ou ces mots qui blessent aussi bien la chair que l’âme vont entraîner des conséquences sur le développement de l’enfant :
- une altération du sentiment de sécurité ;
- un état de stress permanent ;
- des valeurs faussées : l’enfant ne dissocie pas le bien du mal, ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas ;
- une santé moins bonne : les études ont prouvé que les enfants subissant des VEO ont plus de maladies auto-immunes
Enfin, un enfant qui aura subi des violences éducatives ordinaires deviendra un adulte peu sûr de lui, qui peut souffrir de dépression ou encore d’addictions.
 

Comment éviter les violences éducatives ordinaires ?

Mais qu’est-ce qui pousse des parents à de telles violences ? Parfois c’est leur propre histoire, qui n’a pas été faite de douceur et d’amour, qu’ils perpétuent à travers leur enfant. Bien inconsciemment, ils reproduisent un schéma ancré en eux. Pour éviter les violences éducatives ordinaires, il y a pourtant des solutions pour s’engager dans une parentalité positive, comme faire le point sur sa propre enfance et la relation à ses propres parents, lire des livres sur l’éducation bienveillante, se faire accompagner si besoin par un thérapeute. Mais plus qu’une question de parent, les VEO semblent avant tout une question de société bien plus complexe qu’il n’y paraît.

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