Comment parler des attentats aux enfants ?
Ecrit le 15/07/2016 par Anne-Charlotte Ullmann, Rédactrice
Après les deux attentats parisiens, puis Bruxelles, maintenant c’est la ville de Nice qui est touchée, lors d’un évènement particulièrement familial : le feu d’artifice du 14 juillet. Si nous sommes incroyablement choqués, hébétés par cette monstrueuse tragédie, qu’en est-il de nos enfants ? Comment répondre à leurs questions sans les angoisser ? Devons-nous ou pas, leur en parler ? Nous vous donnons quelques clés pour vous aider dans un moment si délicat.
Faut-il leur parler des attentats ?
On a souvent tendance à vouloir protéger l’innocence de nos enfants de tels drames. Mais il ne faut surtout pas hésiter à en discuter avec eux sachant qu’ils risquent d’en entendre parler autour d’eux, à l’école, dans les médias ou ailleurs. Avant de parler avec vos enfants, essayer au maximum de vous décharger de vos émotions trop fortes, pour pouvoir dialoguer avec le plus de recul possible et d’assurance.
Avant 4 ans, les enfants peuvent sentir nos angoisses et le fait que nous ne sommes pas comme d’habitude. Expliquons leur nos émotions pour les rassurer et les déculpabiliser : « nous sommes tristes et angoissés à cause d’un évènement qui est arrivé mais qui n’a rien à voir avec toi. »
Pour des enfants un peu plus grands, écoutez-les pour savoir ce qu’ils savent, les informations qu’ils ont entendues et ce qu’ils ressentent. N’hésitez pas à parler de vos émotions à vous (sans être trop excessif), « je me sens triste » pour les aider à mettre des mots sur leurs propres impressions. Pour leur expliquer, n’hésitez pas également à leur dire que vous ne savez pas tout mais que vous vous renseignez, et bien sûr que vous êtes là pour eux et que vous les protégez.
Partez de leurs questions et tentez d’y répondre même si c’est pour leur dire que vous ne savez pas encore. Leurs angoisses ne sont pas forcément les mêmes que les nôtres. Essayez de les déceler pour les rassurer au mieux.
Parlez simplement, avec des mots adaptés à leur âge et sans donner trop de détails.
Les protéger des images choquantes et de la surinformation
Les images et les informations sont omniprésentes aujourd’hui, protégez vos enfants au maximum des écrans et des informations qui pourraient les choquer et être mal interprétés. Les images sont déjà très angoissantes pour nous alors imaginez la peur des enfants face à elles. Evitez donc de regarder la télévision ou d’écouter la radio en leur présence. Ne les désinformez pas pour autant, surtout pour les plus grands. A l’école ils risquent d’être confrontés aux copains qui eux ont tout regardé. Donnez-leur les clés pour se protéger et ne pas mal interpréter ce qu’ils peuvent entendre.
Les rassurer sur leur sécurité
Les attentats sont synonymes de mort et souvent c’est la question qui revient. Rassurez-les sur leur sécurité. Oui des gens sont morts mais vous êtes là pour les protéger, les policiers aussi, les médecins sont là pour soigner les blessés. Comme le dit la psychologue Hélène Romano « La mort fait partie de la vie, l’important est de dire aux enfants qu’ils ne seront jamais seuls, même face à la mort. »
Entourez-les, câlinez-les, embrassez-les, c’est encore le meilleur moyen de rassurer tout le monde et de mettre un peu de douceur dans ces épreuves.
Restez vigilants dans les jours qui viennent, soyez à l’écoute de leurs angoisses, de la survenue de cauchemars et continuez d’en discuter suivant leurs demandes.
Ne pas stigmatiser et transmettre des valeurs
Attention au mot « méchant » qui est très utilisé par les enfants et qui peut être mal interprété par la suite : « il est méchant alors il va me tuer ? » N’hésitez pas à parler de « terroristes », ces gens qui ne sont pas comme nous.
Veillez à ne pas stigmatiser des groupes d'individus. Les personnes qui ont perpétré de tels actes ont perdu toute raison. N'hésitez pas à rectifier et clarifier des propos qu'ils auraient entendus.
Transmettez-leur la solidarité, parlez-leur des gens qui se rassemblent face aux évènements, pour rendre hommage, pour continuer à vivre, pour aider : c’est comme ça que vous transmettrez l’espoir.
Les documents clés qui peuvent vous aider
Suites aux attentats parisiens de janvier, puis de novembre 2015, nombreux sont les psychologues et les médias jeunesse qui ont mis au point des outils pertinents pour les parents et pour les enfants :
- L’émission des Maternelles autour des attentats de novembre avec les psychologues Serge Tisseron et Hélène Romano
- Le document d’Astrapi à destination des enfants, à télécharger
- Le document de Mon Petit Quotidien, également pour les enfants, à télécharger