Allaitement et traitement médical : compatibles ?
Ecrit le 27/04/2017 par Chrystelle Lacouara, Rédactrice
Une idée reçue veut que l’allaitement et les médicaments ne fassent pas bon ménage. Et pour cause : même des professionnels de santé, par précaution, ne prescrivent pas certains traitements de peur qu’ils ne passent dans le lait. Pourtant, c’est tout à fait possible de se soigner et d’allaiter.
Du sang au lait
Lorsque vous prenez un médicament, il ne passe pas directement dans votre lait. Il circule d’abord dans le sang puis passe plusieurs barrières qui jouent le rôle de filtres. Au final, le processus est plutôt complexe et une infime quantité de médicament passe par le lait. La dose de référence retenue est la dose pédiatrique autorisée, c’est-à-dire la dose qui peut être administrée à l’enfant du médicament pris par la mère. Globalement, l’enfant absorbe au maximum 1 % du médicament pris par la mère. Enfin, certaines molécules sont tellement « grosses » qu’elles ne passent tout simplement pas par le lait.
Peu de traitements incompatibles
Contrairement à ce qu’il peut paraître, rares sont les traitements qui ne peuvent pas être poursuivis durant l’allaitement. Certains médicaments sont néanmoins contre-indiqués :
- traitement contre le cancer ;
- traitements endocriniens…
Quel que soit le traitement nécessaire, votre médecin devra choisir :
- une molécule qui existe sous forme pédiatrique ;
- un médicament de demi-vie courte ou qui ne s’accumule pas (vite éliminé par le corps) ;
- une forme qui induit un passage dans le corps moindre (inhalation, ou locale, tant qu’elle ne touche pas le sein).
Attention également aux médicaments, heureusement peu nombreux, qui peuvent réduire la production de lait – comme les pilules contraceptives œstroprogestatives, ou ceux qui, a contrario, vont augmenter notablement la lactation (Primperan, Motilium).
L’état de santé du nouveau-né
Bien évidemment, l’innocuité apparente d’un médicament durant l’allaitement doit être étudiée également en fonction de l’état de santé de votre bébé, particulièrement s’il est prématuré, qu’il a un déficit en vitamines ou une anomalie génétique ou encore qu’il suit déjà un traitement (risque d’interaction).
Le CRAT, l’organisme de référence
Si des médecins conseillent d’arrêter l’allaitement pour vous soigner, d’autres prescrivent des médicaments sans considérer la question de l’allaitement alors que d’autres molécules efficaces et compatibles existent peut-être. Ainsi, mieux vaut vérifier par vous-même, particulièrement si vous demandez conseil à un pharmacien et qu’il vous délivre un médicament qui ne nécessite pas d’ordonnance (l’automédication est déconseillée durant l’allaitement). Il suffit d’aller sur le site du CRAT, le Centre de référence sur les agents tératogènes. Ce service a pour but d’informer sur les risques des médicaments mais aussi des vaccins ou des radiations durant la grossesse ainsi que l’allaitement. Ce sont des professionnels de santé qui l’ont rédigé. Vous pouvez rechercher par nom de médicament ou par substance. Un site indispensable à faire connaître à toutes les mères allaitantes !
Si vous craignez tout de même pour votre bébé, le mieux reste de prendre votre médicament après une tétée, ou après la dernière tétée de la journée.