Témoignage : j’ai accouché dans l’eau
Ecrit le 02/11/2017 par Camille Ritalechat, Habilleuse pour le cinéma & Rédactrice web
Pour ma deuxième grossesse j’ai eu envie de tenter la folle aventure d’accoucher dans l’eau. Je savais que donner naissance à ma fille dans ces conditions serait un vrai challenge mais j’avais hâte de commencer à m’y préparer. Aujourd’hui presque sept ans plus tard je suis heureuse de pouvoir vous raconter cette histoire.

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Le choix de la bonne maternité pour accoucher dans l'eau
J’ai donné naissance à ma fille à Paris, dans une clinique privée. Je savais qu’en France peu de maternité proposait une baignoire pour accoucher, j’ai eu la chance d’en trouver une assez près de chez moi, j’ai sauté sur l’occasion dès que j’ai su que j’étais enceinte pour m’y inscrire. Jusqu’au dernier moment je ne saurais d’ailleurs pas si la salle avec le bassin bleu serait disponible. Mais je m’accrochais à ma bonne étoile pour y croire !
Ma préparation à l'accouchement sans péridurale
Faire naître son enfant dans l’eau est incompatible avec une péridurale. J’avais de toute façon très envie de tenter l’aventure d’un accouchement naturel, sans anesthésie et avec le moins de geste médical possible. J’aime l’eau depuis toujours, c’est un élément dans lequel je me sens à l’aise, détendue… C’est donc tout naturellement que j’ai formulé ce projet de naissance aquatique.
Mes rendez-vous de préparation à la naissance ont été essentiels. Je n’en ai raté aucun car chacun d’eux me confortait dans mon projet. Les mois qui ont précédés la naissance de ma fille m’ont permis de me préparer au mieux, psychologiquement d’abord puis physiquement ensuite.
Oui, j’allais avoir mal sans péridurale, mais j’étais prête à accepter cela. J’ai appris à accueillir les contractions plutôt que lutter contre, à respirer calmement et efficacement, j’ai beaucoup parlé avec les sages femmes et leurs paroles ont été plus que rassurantes. « Nous sommes très présentes lorsque les femmes accouchent sans péridurale » Cette phrase m’a portée. Je savais que je ne serai pas seule. J’ai fait également un peu de sophrologie pour apprendre à gérer mon stress et quelques séances d’ostéopathie m’ont bien aidées à accepter mon nouveau corps tout rond ! En parlant de corps, je m’étais offert quelques séances de Watsu pour soulager mon dos et me rapprocher encore plus des sensations de mon bébé. Cette activité consiste à effectuer des séries d'étirements et de pressions, des mouvements de massages au rythme de la respiration tout en se laissant porter par l'eau.
Ce fut des moments magnifiques et profondément relaxants.
Cela peut être un peu étrange à dire mais toutes ces petites choses mises bout à bout m’ont réellement aidées pour le jour de l’accouchement, pour la simple et bonne raison que j’avais « investi » cette naissance. Je m’étais préparée de longs mois pour faire de cette journée, un moment unique.
Le jour de la naissance
Comme toute femme enceinte arrivée à terme, je n’en pouvais plus, j’avais vraiment hâte de rencontrer notre petite chérie et cette coquine a même décidé d’arriver deux jours en retard.
Je suis partie à la maternité accompagnée de mon mari pour la surveillance à J+2. Aucune contraction, aucune douleur ! Rien ! Tout allait bien mais la naissance n’avait pas l’air imminente du tout. Le seul geste médical que j’étais prête à accepter fut cette manipulation autour de l’utérus qui a eu pour effet d’enclencher le travail. La sage femme nous a demandé de rentrer gentiment chez nous et de revenir vers 14 :00 pour une nouvelle surveillance.
Je suis euphorique. Alors que le matin même je ne sentais absolument aucune manifestation de cette naissance, je sais alors que ce sera pour aujourd’hui. Il est l’heure de retourner à la maternité. Je suis fébrile, très impatiente et en même temps concentrée sur mon objectif : obtenir la salle avec la grande baignoire bleue. Je ne pense qu’à ça. Dès mon arrivée à la maternité je demande si elle est disponible et rappelle à l’équipe mon projet de naissance. Les sages femmes rient : elles n’ont pas oublié, que je sois rassurée, la baignoire est libre, le service est calme, elles vont pouvoir bien s’occuper de moi.
Je suis installée sur le lit dans un premier temps pour un monitoring (je comprends ensuite que c’est le monito sans fil et water proof, il pourra me suivre dans l’eau). La sage femme explique à mon mari le fonctionnement du bassin. Il est là devant moi, je peux choisir la température, la quantité d’eau, bref je suis comme chez moi. J’ai envie d’eau très chaude et je m’y glisse pour ne plus quitter la douceur de mon bain. Les contractions commencent à devenir puissantes et douloureuses. Dès qu’une vague m’envahit, je plonge sous l’eau en m’enroulant sur moi même. Je souffle sous l’eau, je me contorsionne en trouvant la position qui me soulage le plus. L’eau permet un très grande liberté de mouvement, je me concentre, j’ai mal mais je sais que cela va passer… Ça passe déjà. Je reprends mon souffle jusqu’à la prochaine.
La sage femme et l’infirmière font des va et viens dans la salle pour me soutenir, elles me parlent quand je n’ai pas mal ou se taisent pendant les contractions. J’ai demandé que personne ne m’encourage pendant les grosses douleurs. Je veux pouvoir me concentrer pour ne pas avoir trop mal. Et ça fonctionne. Les contractions sont efficaces, le travail avance très bien. Mon mari met ses mains fraiches sur mon visage et me donne la main. Notre enfant arrive doucement.
Et puis naître dans l'eau...
Il est 18h00 maintenant. Je suis sortie brièvement de l’eau pour aller aux toilettes. Nous en avons profité pour vider la grande baignoire et la remplir d’une eau nouvelle et bien chaude. En attendant qu’elle soit pleine, je suis accoudée au lit. J’ai très mal… les contractions sans anesthésie sont très douloureuses hors de l’eau, je ne veux qu’une chose : y retourner au plus vite. Je sais alors que j’ai fait le bon choix. L’eau est apaisante, enveloppante, elle me porte et m’aide énormément à gérer ces vagues de contractions.
Puis en une demie heure tout s’accélère. Nous appelons la sage femme, l’infirmière me pose un cathéter juste au cas où. Nous ne nous attendions pas à ce que cette petite arrive si vite, nos valises sont même restées dans le coffre de la voiture ! Mille choses passent dans ma tête, je pense que je ne vais pas pouvoir y arriver, la sage femme est très encourageante et me dit que si, j’y arriverai. Elle vide un peu l’eau du bain et ne veut plus que je mette la tête sous l’eau. C’est l’heure d’y aller, c’est le moment de rassembler une dernière fois mes forces.
Deux poussées d’amour, deux respirations, longues, fortes, puissantes et notre minuscule petite fille est là. Je ne sens plus rien, je n’ai plus mal, je ne vois que cette enfant chaude et rose lovée au creux de mon épaule. Je ne vois que son père, cet homme que j’aime et qui m’a donné ce petit bout de vie.
Nous sommes encore dans l’eau, l’infirmière nous rince toutes les deux. Le temps de la délivrance, notre bébé ira faire son premier peau à peau sur le torse nu de son papa.
C’est un beau dimanche de mars, le soleil parisien a brillé toute la journée. Il fête le premier jour du printemps, il fête la si belle naissance de mon deuxième enfant, ma minuscule petite fille. Nous lui avons donné un prénom de fleur. J’ai l’habitude de dire que ce n’est pas moi qui l’ai mise au monde mais plutôt elle qui s’est mise au monde. Elle m’a offert une merveilleuse naissance, ma petite fleur de l’eau.